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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 08:08

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Lundi matin

-Ecole Jean Rostand

Lundi après-midi

-Réunion des chefs de service (Mairie)

Mardi matin

-Rendez-vous (Mairie)

-Réunion Conseil Général

Mardi après-midi

-Réunion Commission Infrastructures (Conseil Général)

-Restitution publique diagnostic Agenda 21 (Espace d’Albret)

Mercredi matin

-Floralies de Pau : visite du stand de Nérac (Pau)

Mercredi après-midi

-Réunion Conseil Général

Jeudi matin

-Cérémonie du 11 novembre

Vendredi matin

-Rendez-vous (Mairie)

Vendredi après-midi

-Réunion Ateliers municipaux

-Concert Opus 81 (Eglise Notre Dame)

Samedi matin

-Rendez-vous (Mairie)

 

Article paru sur Médiapart concernant la manifestation lycéenne à Nérac

 

Luha Vieira, 17 ans, fait les cent pas devant le lycée George-Sand de Nérac, petite ville à 25 kilomètres d'Agen. Déçue. «Hier à Agen, le tractage s'est mal passé, les lycéens ne semblent plus motivés comme avant les vacances, et le groupe de musique prévu s'est décommandé pour le concert. Du coup, aujourd'hui, tout tombe à l'eau.» Dans la préfecture du Lot-et-Garonne, comme dans le reste de la France, une série d'actions lycéennes étaient prévues ce jeudi, avant la journée de mobilisation de samedi dans toute la France contre la réforme des retraites.

A l'issue de la journée, si à Paris quelque 300 lycéens et étudiants se sont rassemblés devant la faculté de Jussieu, si à Lyon, plusieurs centaines ont défilé, de même qu'à Toulouse ou Nantes, la mobilisation semble avoir marqué le pas. A Agen, blocage de lycées, rassemblement place du Pin, et concert à 14 heures, étaient prévus. Quelques tentatives (ratées) de blocage ont eu lieu, le reste a été annulé. «Fin de mouvement déplorable», se lamente Luha... 

Le 18 octobre, cette joviale terminale L était pourtant à la tête du défilé qui a bluffé Nérac. Ce matin-là, dans l'élan du mouvement lycéen, environ 300 élèves ont marché dans les rues de la petite ville du Lot-et-Garonne. Une cité paisible de 7000 habitants aux belles maisons à colombages, plus connue pour avoir été le fief des seigneurs d'Albret (la famille du roi Henri IV) que pour ses emportements militants. Nérac n'avait pas souvent vu une telle affluence... 

C'était un lundi : les rues étaient désertes, la plupart des commerces fermés. «On est un peu passés pour des imbéciles, on n'avait pas trop prévu que le lundi, tout est mort», rigole Sylvain Laffite, 17 ans, élève de terminale littéraire à George-Sand. Une bonne partie de la journée, les lycéens ont défilé dans le froid. Dès 7h30, Luha et quelques autres ont bloqué l'entrée du lycée. Puis ils sont allés chercher les élèves du lycée hôtelier, à quelques centaines de mètres. Direction ensuite le lycée agricole, à l'autre bout de la ville. «On a perdu pas mal de gens en route», se souvient William Ramadour, l'autre chef de file du mouvement, déjà actif il y a deux ans contre les réformes Darcos de l'éducation nationale.

Le lendemain, jour de grève nationale, 110 lycéens sont partis en bus défiler à Agen. Puis les blocages ont continué durant la semaine, juste avant les vacances scolaires. Depuis, le soufflé est retombé. Même à Agen ou Villeneuve-sur-Lot, les grandes villes du département, où les mobilisations ont été fortes –parfois émaillées d'incidents (un bus et une voiture de police caillaissée, etc.). Militante du NPA d'Olivier Besancenot, Luha est tout de même fière d'avoir réussi à bouger les lycéens de Nérac, réputés placides. «A Agen, mes amis de la coordination lycéenne étaient assez bluffés», raconte-t-elle.

Dans le Lot-et-Garonne, c'est ce réseau (le «noyau dur», dit Luha) constitué d'une trentaine de jeunes, dont un bon tiers de membres du NPA, qui a organisé la mobilisation. «L'UNL et la Fidl, ici, on ne les a jamais trop vus», explique Quentin. Cet ancien chef de file lycéen des manifs à Agen travaille aujourd'hui dans une chaîne de restauration rapide, mais il a prodigué ses conseils d'organisation tout au long de la mobilisation. Des recettes simples: tracter, mais aussi diffuser les appels au blocage par mail, Facebook ou les SMS, envoyés en rafales, puis transférés de téléphone portable en téléphone portable.

Jeune maire de Nérac, élu en 2008 après 25 ans de règne d'une figure locale de la droite, le socialiste Nicolas Lacombe n'est pas étonné par l'importante mobilisation des lycéens. «Il y a trois lycées avec des internats, c'est beaucoup pour une ville comme la nôtre: un héritage des années 60, quand il y avait de l’argent», dit cet homme de 35 ans, directeur d'école de profession.

Le jour de la manifestation, il a reçu Luha et William dans son bureau, a négocié pour eux des bus à deux euros par tête pour se rendre à la manif d'Agen (le tarif normal, c'est 6,10 euros, mais il devrait tomber à 2 euros l'an prochain grâce à une subvention du département).

L'édile garde de cette rencontre une impression mitigée. «Il n'y avait pas vraiment beaucoup de fond dans leur discours. Ça me fait plaisir qu'ils soient descendus dans la rue, mais j'ai l'impression que c'était aussi pour beaucoup un de ces petits frissons initiatiques comme chaque génération en connaît.» Sylvain Laffite, élève de 1re L confirme : «Evidemment, pas mal font les blocus parce qu'on ne va pas en cours pendant ce temps, ou en profitent même pour ne pas venir du tout. Mais il y a quand même des gens comme moi qui s'informent et se considèrent concernés, même si la retraite n'est pas pour tout de suite.»

Reste le fond. Selon l'élu, la mobilisation lycéenne est, comme la grève dans l'usine Babcock-Wanson, un élément d'une contestation plus large, l'expression d'une «inquiétude généralisée face à un climat social très pourri».

La crise diffuse du sommet, affirme-t-il. Sur les marchés, le maire de Nérac constate fréquemment la défiance de ses administrés envers le chef de l'Etat. «Il a une image déplorable. Les gens disent souvent qu'il est vulgaire, vraiment pas taillé pour le job, qu'il représente la collusion de la politique et de l'argent, même si dans le détail personne ne comprend rien à l'affaire Bettencourt. Ils ne croient plus à ses slogans de campagne, comme le “travailler plus pour gagner plus” ou la “République irréprochable”. C'est devenu un personnage allergisant.»

Même si Nérac reste relativement favorisée par rapport à d'autres communes du Lot-et-Garonne, Nicolas Lacombe observe surtout, chaque jour, le «malaise profond» de certains administrés, aggravé par la crise. «Je reçois quotidiennement une dizaine de CV de gens qui veulent travailler à la mairie. Ils sont prêts à n'importe quoi pour avoir un emploi un peu sûr.» Une interrogation personnelle, souvent doublée d'un sentiment de relégation, ruralité oblige. «L'Etat en milieu rural se réduit comme peau de chagrin.» A Nérac, la gare a fermé, de même que le tribunal d'instance, fin 2009. «Il a été remplacé par une borne interactive mais les gens n'ont pas du tout adhéré: personne ne l'utilise», dit le maire. Il n'y a toujours pas d'agence Pôle emploi: pour leurs démarches, les chômeurs doivent faire la route jusqu'à Agen...

Responsable local de la fédération de parents d'élèves FCPE, Hubert Cazalis évoque lui aussi une «exaspération globale». «Bien sûr, c'est sans doute exagéré de dire que les lycéens se sont tous mobilisés pour sauver leurs retraites. Mais les plus jeunes savent très bien qu'il est incohérent de leur demander de travailler plus longtemps, alors qu'ils auront déjà du mal à attraper un boulot une fois les études terminés, et que les plus de 50 ans travaillent peu.»

M. Cazalis sait de quoi il parle: il est aussi responsable du Point relais emploi de la communauté de communes. Il dit voir défiler dans son bureau des publics «pessimistes, désabusés, dont l'horizon est borné par la fin du prochain CDD ou de la mission d'intérim». Pour lui, la crise est loin d'être finie:«Les entreprises restent très prudentes quand il s'agit de proposer des formations, dit-il. Disons que la situation n'empire plus: elle se stabilise.» Pas étonnant, dit-il, que, dans ce contexte, les plus jeunes aussi «s'interrogent».

Mathieu Magnaudeix

 

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